Pierre Gaudu et la photographie
« L’élégance dans la photographie de Pierre Gaudu »
Voilà plus de 30 ans que je connais Pierre Gaudu. Je l’ai rencontré en 1992 peu après mon arrivée sur Grenoble suite mes à études aux Beaux-arts de Angers. À l’époque Grenoble était la ville dans laquelle il fallait être si l’on désirait se lancer dans l’art contemporain. C’était la grande époque du « Magasin » et du « Musée d’art » de Grenoble.
Lorsque j’ai rencontré Pierre à cette époque, son travail tournait surtout autour de la peinture. J’ai tout de suite été séduit à l’époque par le caractère résolument engagé du peintre. Dans les années 90, dans le milieu de l’art contemporain, on ne parlait que d’installations, de vidéos, d’art conceptuel ! La peinture était un truc ringard. Malgré cette seconde mort de la peinture réaffirmée dans les années 90 au profit de la vidéo, Pierre a toujours gardé son cap. Une ligne franche et précise faite de dessins à l’encre et de peintures colorées racontant la vie des traces laissées par la main du peintre accompagnée d’un outil, pinceau ou chiffon.
Cette trace laissée sur le papier m’a toujours fascinée, hypnotisée. Avec les années elle a évolué, elle s’est bonifiée. Trente ans plus tard la peinture de Pierre est toujours bien vivante. Plus que jamais dirait-on.
Au début des années 2000 avec l’avènement de l’air numérique Pierre a développé parallèlement à son oeuvre de peintre une vision photographique. À ce besoin de capturer la beauté par le biais de la photographie s’est mariée une envie forte de nature. Nature qui ne tarda pas à envahir peu à peu son oeuvre toute entière.
En effet la photographie de Pierre Gaudu est un hymne à la matière vivante, en mouvement, en compostage. Une façon de nous faire revenir les deux pieds bien enracinés dans la terre, dans la boue.
Ses sujets favoris : l’eau cristalline des torrents, les mousses humides, les mégaphorbiaies, les roches recouvertes des marques du temps, les matières en décompositions, mais également tout ce qui pousse, passe, fleuri, grandi. Le corps aussi à sa place. Au musée, dans les parcs, toujours en second plan face à la grandeur de la nature ou de l’art.
Et de tout cela se dégage une certaine grandeur, une puissance sûre. Une forme d’élégance qui réenchante notre monde devenu si terne par le filtre des médias interposés.