Remerciements à Pierre Gaudu

Toutes les photos qui illustrent ce site sont l'oeuvre de Pierre Gaudu.
Par ce petit texte qui parle de son travail je tenais à le remercier d'avoir accepté d'utiliser quelques-unes de ses images qui parlent magistralement des éléments et nous relient au ciel et à la terre par de simples fragments.

Je connais Pierre depuis bientôt 30 ans. Rien au début de notre rencontre ne nous réunissait. J’étais dans le courant de l’art contemporain, un jeune loup aux dents longues qui cherchais la reconnaissance, influencé par de nombreux artistes que je côtoyais à l’époque, mais je ne m’en rendais pas compte. Pierre était déjà dans une démarche beaucoup plus personnelle, plus installée et plus habitée. Il avait conscience du jeu de miroirs qui se jouait entre les artistes et le public. Il n’a jamais changé de cap et il est toujours resté fidèle à ses sens. Il ne les a jamais trahis contrairement à beaucoup d’artistes des années 2000 qui préféraient la stratégie à l’innocence de la vision claire voyante. Pierre est quelqu’un qui a vraiment créé une œuvre depuis 40 ans. Il y a dans son travail un chemin facile à suivre, rassurant même, qui nous permet de comprendre et de dérouler le fil de notre propre histoire avec la nature. C’est une œuvre attachante et élégante qui réenchante notre nature profonde.

Les images de Pierre vibrent d’une fréquence peu commune, et cette vibration est présente non pas de façon didactique sur la fine épaisseur du papier de ses images mais à l’intérieur même de notre corps qui nous parle en vibrant face à la subtilité des matières et des formes qui résonnent en nous, au diapason de ce que nous sommes, c’est-à-dire des êtres fins, subtiles, fragiles, gracieux mais aussi impermanent et plein d’une vie qui ne cesse de se renouveler.

Pierre est l’exemple même du « joueur de matière ». Il a compris qu’il était ici sur cette terre pour jouer avec la matière. Cette matière si précieuse de laquelle nous sommes faits et que nous transformons en créant, se révèle à travers son œuvre en même temps que nous nous découvrons. Car à l’instant même où se dévoilent à notre regard ses images l’on se rappelle que nous étions cela auparavant, comme une évidence qui surgit, et cela fait peur et nous fait frissonner. Peur d’avoir oublié, froid de ne pas avoir su voir à cet instant ce que le photographe, lui, a su dévoiler.